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Brasilia, rêve de modernité

Par Leonor Diez Albuixech

Jeudi 27 Mars 2025

Temps de lecture : 3 min

Chef-d'œuvre de l'architecture moderniste, la capitale fédérale du Brésil est une utopie concrète, incarnation de la modernité. Construite dans les années 1950, elle doit sa réputation à plusieurs hommes. Parmi ceux-ci, l'architecte visionnaire Oscar Niemeyer, qui y a conçu plusieurs bâtiments iconiques.

Bâtie en quatre ans à peine, cette ville nouvelle n'est pourtant pas sortie de terre brusquement. La question d'un transfert de capitale se posait déjà avant l'indépendance du pays (1822). Il s'agissait alors de marquer une rupture symbolique avec la période coloniale et de déplacer les institutions loin des côtes, à l'abri des canonnières.

Le problème, pendant longtemps, était qu'aucun dirigeant n'osait lancer ce projet. Jusqu'à l'élection, en 1956, de Juscelino Kubitschek, élu sur la promesse de faire progresser le pays de "cinquante années en cinq ans". Il fait de l'édification de Brasilia le symbole de ce grand bond vers la modernité.

Pour ce faire, Kubitschek choisit personnellement l'architecte Oscar Niemeyer, disciple du Corbusier, qui va imaginer une ville en forme de croix. Avec son style tout en courbes, à la fois moderne et baroque, Niemeyer s'inscrit pleinement dans l'esprit du projet : l'affirmation d'un Brésil indépendant, tourné vers l'avenir, mais qui ne renie pas son passé. Pendant les quatre ans de la construction de Brasilia, Oscar Niemeyer va réaliser plusieurs bâtiments iconiques qui vont participer au rayonnement architectural à l'international : la place des Trois-Pouvoirs, la cathédrale Notre-Dame de l'Apparition, le Congrès national ou le Palais de l'Aurore. Autant de chefs-d'œuvre qui vaudront à Brasilia d'entrer au patrimoine mondial de l'humanité en 1987,    vingt-sept ans après son inauguration.

Dans son axe monumental, la ville incarne la démocratie : les bâtiments administratifs sont disposés par ordre d'importance politique croissante à mesure que l'on s'approche de la place des Trois-Pouvoirs, où sont installés les ordres exécutif, législatif et judiciaire. La partie résidentielle est en revanche organisée en blocs d'immeubles autonomes, les "superquadras", protégés de la circulation automobile et abritant chacun une église, une école et des commerces. Ces blocs remplacent la rue comme nouveaux lieux de sociabilité.

Mais le rêve moderniste a tourné court. Les ouvriers qui ont bâti la ville se sont sédentarisés dans les campements qui l'entouraient, donnant naissance à des cités satellites à l'organisation anarchique. Conçue pour accueillir 500 000 habitants, Brasilia en abrite aujourd'hui 2,7 millions. Seules les classes aisées habitent les superquadras idylliques. Umberto Eco écrivait : "Brasilia, de ville socialiste qu'elle voulait être, est devenue l'image même de la différence sociale."

Longtemps exceptionnelle, Brasilia ressemble de plus en plus à une ville brésilienne ordinaire. Elle demeurera éternellement cette cité improbable, surgie du futur, symbole d'un pays qui saisit l'avenir à bras-le-corps. Si l'utopie urbaine a échoué, le pari d'implanter une capitale au milieu de nulle part a bel et bien été tenu.

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